14 août 2025

Réforme 2026 de l'assurance automobile en Ontario - Significations pour les assureurs

Impacts clés, contexte du marché et défis à anticiper
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Serge Gagné
Conseiller stratégique en assurance de dommages
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Assurances
Réglementation et conformité
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La réforme de l’assurance automobile du gouvernement de l’Ontario, qui entrera en vigueur le 1er juillet 2026, représente l’un des changements les plus importants que la province ait connus depuis des années. En rendant optionnels plusieurs des indemnités d’accident légales auparavant obligatoires, cette réforme donne aux consommateurs un meilleur contrôle sur leurs garanties et la possibilité de réduire leurs primes.

Mais cette flexibilité accrue produit également une complexité supplémentaire, notamment pour les assureurs. Qu’il s’agisse de la conception des produits, de la communication avec les clients ou de la gestion des indemnités, cette réforme modifie les règles du jeu.

 

Voici ce que les assureurs doivent savoir.

Un nouveau modèle : des garanties groupées aux garanties modulaires

Dans la nouvelle structure, la plupart des indemnités légales d’accident deviendront facultatives. Seules les indemnités médicales, de réadaptation et de soins auxiliaires demeureront obligatoires. Les autres, comme l’indemnité de remplacement de revenu, l’indemnité de soignant, l’indemnité pour personne sans revenu d’emploi ou encore l’indemnité de décès et frais funéraires, seront offertes à la carte.

 

L’objectif est de donner aux consommateurs la liberté de personnaliser leur couverture et d’éviter de payer pour des protections déjà obtenues par d’autres moyens, comme les régimes de santé collectifs au travail. Cependant, cette flexibilité entraîne d’importantes implications opérationnelles et de gestion des risques.

Pourquoi une réforme était nécessaire : les pressions sur le marché

Entre 2020 et 2023, le marché ontarien de l’assurance automobile a fait face à plusieurs enjeux :

 

  • Hausse du coût moyen  des sinistres en raison de l’inflation et des litiges juridiques;
  • Satisfaction client stagnante, liée au manque de choix et aux primes élevées;
  • Fraude systémique, incluant des accidents mis en scène et des réclamations médicales gonflées;
  • Coûts en double, avec un chevauchement entre les régimes publics et la couverture au travail.

 

En conséquence, la rentabilité des assureurs a diminué tandis que le mécontentement des consommateurs augmentait. La réforme vise à répondre à ces enjeux sans introduire de subventions gouvernementales.

Les nouveaux défis auxquels les assureurs doivent se préparer

Cette réforme ne se limite pas à une simple mise à jour réglementaire : c’est une refonte structurelle qui oblige les assureurs à :

 

  • Revoir la conception de leurs produits de base pour permettre des combinaisons personnalisées de garanties;
  • Mettre à jour la logique de souscription et les modèles tarifaires pour gérer une plus grande variabilité;
  • Éduquer les consommateurs et gérer leurs attentes sur ce qui est couvert ou non;
  • Former les courtiers et le personnel de première ligne afin d’expliquer les conséquences du choix ou non des garanties optionnelles;
  • Se préparer à une demande de service accrue, notamment au moment des renouvellements de polices.

Il existe également un risque réputationnel important : si les consommateurs se retrouvent en situation de sous-assurance sans en être pleinement conscients et sont déçus au moment d’une réclamation,  les assureurs pourraient faire face à des réactions négatives  et à une perte de confiance.

Et maintenant ?

L’échéance de juillet 2026 approche rapidement. Les assureurs doivent évaluer dès maintenant la structure de leurs produits, leurs plateformes technologiques et leurs stratégies de distribution afin de se préparer à cette transformation.

Dans notre prochain article, nous verrons comment les assureurs peuvent non seulement relever le défi, mais aussi transformer cette réforme en un véritable avantage concurrentiel.